Titre : Mon enfant de Berlin
Auteur : Anne Wiazemsky
Chez : Gallimard
Rapidavis
Public : Histoire : Intérêt :
Kezako ? Béziers, 1944, Claire travaille à la Croix-Rouge. Elle est jeune, belle et promise à Patrice, actuellement prisonnier en Allemagne. Le contexte de guerre lui convient bien car elle arrive à oublier les échéances à venir comme le futur mariage, en se consacrant entièrement à sa tache d’ambulancière. C’est aussi par ce moyen qu’elle se sent exister et qu’elle n’est plus simplement la fille de.
En effet, Claire est la fille d’un grand écrivain, François Mauriac, et en ce sens, elle essaye d’être à la hauteur de son nom et de ne pas décevoir ce père qu’elle estime tant et dont elle craint les possibles jugements. Toutefois, entre ce qu’elle croit devoir faire et ce qu’elle ressent et désire faire, il y a un immense fossé.
La guerre se termine et Claire voit son destin la rattraper, beaucoup trop tôt à son goût. Ainsi, lorsqu’on lui propose de continuer son travail d’ambulancière à Berlin, ville en ruine, celle-ci n’hésite pas un instant et se rend en Allemagne pour continuer à exister. Claire dans sa fuite perpétuelle, arrivera t’elle à trouver ce qu’elle cherche sans le savoir véritablement, c’est à dire l’amour ?
Sakéjenpense : La forme du roman m’a énormément ennuyé au début. Le livre se présente sous la forme de lettres que Claire envoie à ses parents, entrecoupées d’extraits de son journal intime, et enfin de quelques passages descriptifs parsemés de dialogues. Bref, une ossature textuelle particulière que je n’ai pas trouvé judicieuse à première lecture.
Petit à petit, je m’y suis habitué et me suis rendu compte que cette forme avait une raison d’être. Son journal intime traduit ce que Claire pense, ses lettres révèlent l’impossibilité qu’elle éprouve à tout raconter à ses parents, et les quelques dialogues permettent d’animer le livre qui en serait sinon lassant. Pourtant le contenu est de qualité et une fois passé outre la forme, le récit prend toute sa valeur.
Le contexte de fin de guerre est intéressant, l’essentiel de l’intrigue se passant à Berlin, on découvre une ville détruite, divisée entre les vainqueurs, où le quotidien est rude pour tout le monde, où malgré tout l’amour est possible. La vie de Claire est passionnante ou devrais je dire que ses tracas le sont. Etre la fille de François Mauriac n’est pas facile et les choix que doit prendre Claire ne le sont pas moins car elle souhaite se montrer à la hauteur de son père tout en écoutant son cœur.
Myavis : Après avoir douté sur la qualité de ce livre, j’ai réellement apprécié ce récit de vie atypique. Je pourrais parler de témoignage car ce roman en est un je pense, celui de Claire Mauriac qui, à la veille de la fin de la guerre, s’est engagée à sa manière pour son pays, pour son nom et surtout pour elle-même.
J’ai été touché par ce livre de la rentrée littéraire 2009, qui mérite selon moi de sortir de la masse et dont je vous recommande la lecture !
Kaalook
Titre : Echo
Auteur : Terry Moore
Chez : Delcourt
Rapidavis
Public : Histoire : Graphisme : Intérêt :
Kezako ? Julie fait des photos dans le parc national de Moon lake lorsqu’un incident se produit au dessus d’elle.
Annie a été choisie pour tester le nouveau prototype de combinaison de l’armée américaine. Cette combinaison permet à son porteur de voler dans le ciel sans subir les radiations du propulseur à énergie nucléaire qu’il a sur le dos. Ce qu’Annie ne savait pas, c’est que l’armée était prête à mettre sa vie en jeu pour tester la résistance du prototype. Un F16 lancé à sa poursuite parvint à l’atteindre avec un missile déclenchant une explosion phénoménale en plein ciel.
Malheureusement pour eux, il y a eu plusieurs témoins, le gardien du parc californien qui se doute qu’il s’est passé quelque chose de grave au vue de la réactivité de l’armée à en interdire l’accès ; plus deux personnes qui se trouvaient sur les lieux au moment de l’incident. Julie est l’une d’elles, et a reçu les retombées sous forme de pluie de billes. Celles-ci adhèrent à sa peau et se regroupant d’elles même, finissent par constituer une sorte d’armure en métal aux propriétés étonnantes autour de sa poitrine. Problème, elle ne peut pas s’en séparer.
Commence alors une course poursuite entre, Julie, prisonnière d’un fragment de la combinaison et qui souhaite s’en débarrasser et reprendre une vie normale au plus vite, les envoyés de l’armée, qui veulent retrouver tous les morceaux de leur prototype, le gardien de parc qui tente de découvrir la vérité, et sans oublier l’énigmatique deuxième personne qui se trouvait sur les lieux.
Sakéjenpense : On est de suite plongé dans l’action avec le test de la révolutionnaire combinaison de l’armée. Puis, on découvre l’héroïne qui va se révéler victime ou dommage collatéral des expérimentations de l’armée américaine en se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment. Dommage pour elle mais tant mieux pour nous sinon il n’y aurait pas d’histoire !
Cette pauvre fille du nom de Julie a raté sa vie, elle ne roule pas sur l’or, elle est tout de même mariée mais son mari qu’elle ne voit plus désire qu’elle signe les papiers du divorce ce qu’elle refuse catégoriquement. Et pour couronner le tout voilà qu’elle se voit affublée à l’insu de son plein gré d’un bon morceau du nouveau prototype de l’armée dont elle fera tout pour se débarrasser et qui ne cessera d’empirer sa situation déjà médiocre en lui attirant d’énormes ennuis.
En gros, c’est ce qu’il faut retenir de cette histoire peu banale et peu probable, science fiction oblige !
Le dessin en noir et blanc est fin, les personnages sont réalistes et bien détaillés tout comme les paysages que dépeint régulièrement l’auteur sur une page entière. Rien à dire à ce niveau là.
Myavis : Tous les ingrédients sont donc présents pour faire une bonne bd néanmoins je n’ai pas accroché.
Autant la jolie couverture m’avait intrigué, le dessin m’avait plu mais l’intrigue ne m’a pas passionné. Pourtant, je trouve les idées bonnes et l’héroïne assez fouillée pour la rendre attachante mais il m’a manqué ce petit truc qui vous emballe une histoire et vous donne envie de tourner les pages. Je suis resté sur ma faim surtout que la fin n’est pas une fin vu qu’il s’agit d’un tome 1.
Une chose est certaine, je ne lirai pas la suite.
Kaalook
Voici la suite du récit commencé en Avril dernier.
The sand dragon (Part 3).
Le soleil était à son zénith. Il flottait dans le ciel d'un bleu à faire pâlir la mer d'émeraude.
Plus bas, dans le désert, Boofédor et moi-même attendions la décision de Pipi, le dragon des sables. La tension était à son comble. Le silence du dragon nous donnait à suer, et le soleil n’était pas là pour diminuer notre transpiration. Même dans l’ombre du dragon, il faisait chaud, trop chaud, au point d’en devenir insupportable. Mes habits suintaient à en remplir un seau, et ma vue commençait à se troubler. Le malaise était tout proche. Je pensais qu’un bon gueuleton me ferait le plus grand bien avec de l'eau bien fraîche dans un endroit climatisé. Mon dragon en rêvait autant. Mais la réalité était là, pour rappeler que nous n’étions pas dans un salon de thé mais dans le désert.
Pipi finit par sortir de sa torpeur; de sa réflexion. Son regard fixe et songeur se déplaça enfin et se porta sur nous après de trop longues minutes.
- Excusez moi, dit il, il me fallait réfléchir. Ceux de ma race, peuvent parfois rester dans un état méditatif pendant de longs lapses de temps, parfois des siècles mais vous n’avez pas ce temps devant vous, mortels. Je crois qu’avec les ents, le peuple sylvin, nous autres dragons, sommes parmi les plus lents pour prendre une décision. Rien ne doit être pris à la légère, vous comprenez.
Nous allions savoir si nous pourrions rentrer chez nous, quitter ce désert qui, à la longue, risquait de devenir notre tombeau. Malgré toute la sympathie que nous portions à Pipi, il était l’heure de partir, mais quel en serait le prix ?
- Voilà, reprit il, je me lance. Je souhaiterais parcourir le monde. Voyez vous, cela fait des milliers d'années que je n'ai pas bougé d’ici et je reverrais de voir à quoi ressemble le monde à l’heure d’aujourd'hui. Je suis sur qu’il a changé depuis mon dernier envol et j’aimerais satisfaire ma curiosité et combler mes lacunes. Il y a quelques heures encore, je n’avais jamais rencontré d’homme, il y a certainement des tas de choses qui me sont encore inconnues et que je désire découvrir.
Oh, oui ! Il y avait de nombreuses choses qui avaient changé en des milliers d’années, la surprise risquait d’être grande pour le dragon. Mais pourquoi donc se décidait il à partir maintenant ? Ce n’est pas le temps qui lui avait manqué ! S'il y avait des trucs à faire dans le désert, ça se serait !
- Bien sur, rajouta t’il, j'en profiterais par la même occasion pour me rassasier.
A ce moment là, Boofédor me regarda et je pus lire dans ses yeux qu'il avait du mal à imaginer combien de poules et de vaches, il faudrait pour remplir une telle carcasse surtout si elle n'avait pas été remplie depuis plusieurs millénaires !
- Mais aussi pour renouer contact avec mes connaissances d'antan si elles existent toujours et peut être … Il marqua un temps d’arrêt … Revenir avec une compagne. J'ai eu le temps d’y réfléchir et je suis prêt à partager ma demeure.
Il avait eu une lueur brillante dans les yeux en prononçant ses derniers mots, un mélange de mélancolie et de solitude se lisait dans ce regard.
Nous avions envi de dire : "Mais quelle demeure ? Même un fou ne passerait pas autant de temps dans le désert !" Une foule de questions envahit mon esprit.
- Permettez moi de vous interrompre, dis je.
- Oui, je vous écoute.
- votre histoire est belle, vos raisons sont bonnes de quitter ce lieu ... (j'allais rajouter « invivable ») mais je ne vois pas en quoi on peut vous y aider ?
- Bah oui ! Rajouta Boofédor. Vous avez des ailes et vous êtes assez grand pour voyager tout seul ! Pas besoin d’une escorte aérienne ou d’une hôtesse pour vous tenir la patte, non ?!
Pipi prit un air amusé.
- Oui, vous avez raison de poser la question, mais je suis certain que Boofédor connaît la réponse.
Je tournais la tête vers mon dragon pour voir s'il avait effectivement la science infuse comme le prétendait Pipi. Mais la réponse de Boofédor ne me surprit pas.
- Hein ? Moi, euh … non.
- Je vois, vous êtes un jeune dragon. Bientôt pour vous aussi, cela deviendra une obstination. Voyant que nous étions perdus dans de vaines réflexions, il reprit :
- L'or. Tous les dragons qui ont vécu quelques temps, bien plus que vous Boofédor, on emmagasinait un trésor. En général c’est le résultat de siècles de razzias. Pour d'autres dragons, le trésor est acquis suite à de grands actes, hauts faits qui leur ont valu des récompenses. Cette catégorie là n’est pas très répandue parmi les dragons. Comme vous le savez désormais, je faisais parti de la première catégorie. Et donc, c'est cela qui me gêne, je ne peux abandonner mon bien précieux, mon ...
- Trésor ? Vous voulez qu’on s’occupe de votre trésor ? Me permis je de l‘interrompre.
- oui, c'est cela.
- Mais vous n’avez rien ! Il est où votre trésor ? Il n'y a que du sable ici ! S’outra Boofédor.
Il avait toujours eu un sens très pratique, allant toujours à l’essentiel et des besoins très … primaires.
Pipi explosa de rire, si fort qu'il fit trembler le sol et qu’un nouveau nuage de sable s'abattit sur nous.
Voyant ce qu'il avait provoqué, Pipi s'en excusa. Il n’avait sans doute pas l’habitude d’être en compagnie d’êtres si petits.
- Vous me plaisez Boofédor, vous êtes à croquer, le taquina t’il.
A voir l'air ahuri du dragonnet, je crois qu'il n'avait pas du saisir la blague.
- Oui, j'ai un trésor. Il n'est juste pas visible.
- Comment cela ? Demandais je, interpellé.
- Il se situe sous moi, s’expliqua t’il.
- Aaaaah ! s'écria Boofédor. Ok ! C’est beaucoup plus clair.
Pipi se retint de rire à nouveau par respect pour nos frêles silhouettes.
- Et si je comprends, vous voulez qu'on garde votre bien pendant votre absence ? Lançai je.
- Exactement. La demande peut paraître étonnante car je ne vous connais pas depuis longtemps mais assez pour me faire une opinion et pour vous faire confiance. Puis je ne suis pas sur qu’une autre opportunité se présentera avant longtemps.
- Waw ! Trop sympa. T'as vu, Cioo, lui, il n’est pas radin, il nous prête tout son trésor.
- Mais je ne suis pas radin ! M’indignais je.
- Mais si ! Tu râles toujours pour sortir une griffe pour acheter de la nourriture. On est obligé de dévaliser notre Yeti de voisin !
- Tu comprends rien, ce n'est pas ...
- Permettez moi de vous couper, intervint Pipi, je crains que vous n’ailliez mal compris. Ce n'est pas d'un prêt qu'il s'agit, je voudrais que vous gardiez mon trésor.
- Ah, d'acc...ord, répondit Boofédor, déçu.
- Vous acceptez ?
- Oui ... euh enfin non, bafouillai je, comment dire, si on reste en plein cagnard pendant des lustres, on va finir brûler et puis ...
- … puis y a rien à bouffer dans ce désert ! Finit Boofédor. Je vois rien à porter de griffes et encore moins à me foutre sous la dent !
J’étais entièrement d’accord avec mon dragon, il était impensable de passer encore plus de temps dans ce brasier.
- Et nous ne sommes pas des concierges, des vigiles, des gardiens, prêts à mourir dans la fournaise pour le trésor d’un autre, s’indigna le dragonnet.
- Oui, oui, pardon, je n'ai pas fini mon histoire. Ecoutez moi attentivement et vous déciderez en fonction.
De toute manière, nous n’avions pas d’autre choix que de l’écouter.
- En fait là où je me trouve, reprit Pipi, juste en dessous de moi pour être précis, se trouve un château.
- Un château ! Nous dîmes en chœur, étonnés par la révélation inattendue.
- Oui, un château. Ne cherchez pas les élévations, il est en ruines. Il n’est pas complètement rasé, il reste la partie inférieure. Celle-ci pourra vous servir d'abri pendant mon absence si vous acceptez.
- Un château en plein désert ? Dis je incrédule.
- On s'en fout ! Me coupa Boofédor. Qu’est ce qu’on va manger ? Sans nourriture, on ne pourra pas protéger grand-chose !
- Vous avez tous deux raisons, vous méritez plus d’explications.
Nous étions prêts à lui arracher les syllabes de la bouche pour connaître le fin mot de l’histoire. Tout cela était bien étrange.
- Cioo, je vais d'abord répondre au dragonnet.
- D’accord.
- Donc, pour te répondre jeune goinfre, il y a une pièce froide magique dans le sous sol du château.
Je vis de suite la mine réjouie de Boofédor.
- Et je le sais de sources sures, continua t’il, de la bouche des anciens propriétaires.
- Magique comment ? Questionna le dragonnet.
- C’est un genre de frigo inépuisable, il est immense, toujours rempli de nourritures riches et variées.
Boofédor en avait déjà l'eau à la bouche. Il devait faire l’inventaire imaginaire du contenu. Pipi se tourna vers moi.
- Enfin, concernant le château. Je ne vais pas vous faire le récit et l'histoire complète depuis sa création jusqu’à nos jours, ce serait trop long. Pour faire court, le désert que vous voyez autour de vous, montra t'il de ses griffes, était à une autre époque, une gigantesque plaine, un océan de verdures, où vivaient en harmonie, bipèdes et quadrupèdes. Un jour, du soleil couchant, apparurent des vandales, innombrables, de toutes races, dragons, orcs, gobelins ... Une véritable horde qui mit à feu et à sang une partie de la plaine. Pour arrêter et espérer repousser l’envahisseur, les habitants de la plaine s’unirent, formant une ligue de résistance. Ce château fut le point de ralliement de tous les peuples qui souhaitaient rejoindre la ligue. Il fut décidé que la meilleure défense était l’attaque. Ainsi, les alliés de la plaine passèrent à l'offensive, et la réussite fut grande. L'ennemi pourtant plus nombreux mais mal organisé fut vite ébranlé par une armée compacte et motivée. Il n’y a malheureusement pas de guerres sans morts, celle-ci ne fit pas exception et fut des plus meurtrières. Le ciel avait la teinte du sang lorsque les combats s’arrêtèrent et d'incalculables cadavres jonchaient le sol, lui même brûlé par des années de guerre. La ligue fut victorieuse mais le prix à payer avait été très lourd. Les rescapés entreprirent alors de retourner au château. Lorsque les quelques survivants arrivèrent au bastion, ils eurent la mauvaise surprise de voir qu'une partie des vandales les avaient pris à revers. Mais au lieu de suivre leur plan initial, c’est à dire attaquer par surprise les lignes arrière, les fourbes avaient préféré faire le siège du château. Fatiguée par la guerre, l’armée de la ligue leva encore son épée pour porter secours au château. Les forces étaient équivalentes et l’issu indécise. Quand la survie est en jeu, cela décuple les forces. Ce qu'il reste de ce temps, c'est moi, le dernier soldat de la ligue et le château en ruines. En hommage à tous ces valeureux qui s’étaient sacrifiés pour défendre cette plaine si chère à leur coeur, je décidais d’abandonner ma grotte pour la protéger à jamais, en faisant de ce château en ruines, ma nouvelle résidence. La plaine est devenue depuis désert mais mon souvenir en est encore intact. Il me suffit de regarder ce sable pour me remémorer les événements passés. J’aurais préféré mourir en sauvant les habitants de ce château mais le destin en a choisi autrement.
Quelques secondes s’écoulèrent avant que je ne puisse dire quoique ce soit.
- Je ne sais pas quoi vous dire. Quelle horrible histoire.
Boofédor n'eut pour une fois rien à dire. Peut être entrain de relativiser les peines de ventre de son existence ou tout simplement entrain de finir l'inventaire imaginaire des aliments du frigo magique.
- Vous comprenez pourquoi il m'est difficile de quitter mon repère maintenant. Etes vous prêts à en assumer la garde ?
- Oui.
- Oui.
- Je pense qu'on peut y arriver, dis je avec un peu d’humour. Nous n’avons rien d'important qui attende. Quelques cours de vol vont devoir être reportés mais cela n’est pas grave.
- Oui, ce sera un plaisir de protéger l'antre d'un si vénérable dragon, aussi valeureux que vous, Pipi.
- Quel lèche cul, soufflai je à Boofédor.
- Vous m'envoyez ravi ! Dans ce cas, écartez vous de moi, que je vous montre le château sans vous inonder de sable.
Nous nous déplaçâmes quelques instants, le temps que Pipi manoeuvre son corps. C'était toujours aussi fascinant de le regarder se mouvoir. Puis sous la crevasse qu'il avait laissée apparaître, nous vîmes quelques pierres noires surgissant du désert. Il se mit à souffler, à évacuer le sable sur une surface précise. Et nous pûmes apercevoir une surface plane d’une dizaine de mètres, formée de gigantesques bloques noirs au milieu de laquelle se trouvait un trou carré d’où partaient vers des profondeurs insoupçonnables, des marches. Pipi venait de mettre à jour, l’escalier qui permettrait d’atteindre la partie inférieure et cachée sous le sable du château.
- Si ça ne vous dérange pas, je ne vais pas déplacer les dunes avoisinantes, dit il montrant l'escalier, je crains qu'il ne soit trop visible du ciel et qu'il vous amène par la suite des problèmes.
- Ok, fut la seule réponse qui me vint face à l’ampleur de la découverte.
C'était tout de même inconcevable de trouver un château dans le désert, même après avoir entendu l'histoire de Pipi. Il m’était déjà difficile d’imaginer une plaine à la place du désert. Les pierres étaient la preuve matérielle que le dragon ne mentait pas.
- Je vous explique rapidement, l'emplacement des pièces importantes du château ? Je crains que vous ne soyez vite perdus, si je ne le fais pas.
- Oui, on veut bien, surtout pour la pièce du frigo dit Boofédor.
Il nous fit le descriptif rapide des sous sols du château et nous fumes impressionnés par le nombre de pièces, ça ressemblait à l'entendre à un labyrinthe.
- Voilà. Des questions ?
- Hum ... non. Ah si ! Une ! Vous partez combien de temps ? Dis je.
- Une lunaison ça ne serait pas trop long pour vous ?
- Non, avec tout ce que vous nous avez dit sur le château, je pense qu'on n’aura pas le temps de s'ennuyer là dessous !
- Ainsi soit fait ! dit il. Donc dès que je reviens, je vous aiderai à rentrer chez vous.
- ça marche !
- Je vous demanderai juste encore une fois de vous déplacer pendant mon envol. Il serait préférable de vous agripper aux marches de l’escalier, j'ai peur de vous éjecter loin d'ici.
- pas de problème.
On se déplaça jusqu'aux marches, le temps de voir la taille surhumaine de celles ci. Puis le dragon commença à battre des ailes lentement, sans doute étaient elles engourdies. Nous n’avions pas vu encore leur envergure depuis le début, les ailes étant restées pliées le long des flancs du dragon. Elles étaient à la mesure de Pipi, gigantesques. Chacune aurait pu servir de parasol sur la plage au bord de mer pour des milliers d’êtres vivants.
Une tempête de sable se déclencha progressivement. Avec nos yeux à mi clos, nous vîmes Pipi prendre son impulsion. Celle ci fit trembler le sol et le choc nous fit faire un bon d'un mètre au dessus des marches, la chute fut moins douce que dans le sable mais pas trop douloureuse non plus.
Alors, en relevant la tête à travers la nuée de grains de sable en suspension, nous pûmes voir la silhouette du majestueux empereur des sables dans le ciel. Les battements d'ailes s'accélérèrent petit à petit et en un clin d'oeil, Pipi fut hors de portée. Quelle grâce pour un être aussi grand !
L'écho d'un "au revoir, à bientôt" parvint à nos oreilles ensablées avant qu’on ne puisse saluer son départ.
Le dragon des sables venait de quitter son refuge, le confiant à des étrangers. Son voyage serait certainement long et enrichissant. Pipi passerait peut être au dessus de la grotte de nos deux héros. En attendant son retour, il était temps pour Boofédor et Cioo, d'explorer ce château et surtout d'aller manger !
A suivre.
Titre : Petits suicides entre amis
Auteur : Arto Paasilinna
Chez : Folio Gallimard
Rapidavis
Public : Histoire : Intérêt :
Kezako ? Un homme d’affaire raté veut en finir avec ses jours. Il se dirige vers la grange de sa résidence, bien décidé à mettre un terme à son existence. Malheureusement pour lui, la place est déjà prise par un officier qui lui aussi avait intention de se suicider. Arrêtés dans leur tentative respective, les deux hommes vont philosopher sur la vie, leur existence et imaginer un suicide collectif.
Pour mener à bien leur projet morbide, ils passent une annonce dans le journal conviant les gens dont la mort est une préoccupation quotidienne à un meeting, avec plus si affinités.
Les motivés vont alors commencer un voyage extraordinaire à travers la Finlande jusqu’au bout du monde … et jusqu’au bout d’eux même ?
Sakéjenpense : Affronter la mort, seul, est trop difficile. Alors si nous nous regroupions et mettions fin à nos jours ensemble, ce serait plus facile non ?
En gros, voici l’idée que développe Arto Paasilinna. Un sujet peu commun comme les scandinaves savent en trouver !
La première scène du livre est cocasse, lorsque les deux hommes se retrouvent mutuellement pris en flagrant délit de tentative de suicide. Celle-ci donne un peu la même impression que deux hommes qui choisiraient sans le vouloir le même arbre pour se soulager la vessie. C’est drôle.
Ce n’est pas de l’humour noir mais l’auteur parvint à tourner en dérision la mort sans pour autant tombé dans le grotesque. Tous les suicidaires ont leur raison propre à vouloir quitter notre monde et au fil des pages, on en apprendra d’avantage sur eux. En effet, l’auteur brosse le portrait d’une partie d’entre eux. Certains portraits suscitent des sourires comme celui d’un homme qui voulait monter un cirque avec des animaux difficiles à dresser ; d’autres par contre atteints de maladie incurable ou victimes de séquelles physiques permettent au lecteur de recoller avec la réalité et de reposer les pieds sur terre.
Un livre qui fait réfléchir et où chacun tirera sa morale et ses conclusions sur l'humanité.
Myavis : Entre humour et tragédie, l’auteur nous convit à un voyage atypique. L’odyssée des suicidaires ne laisse pas indifférente tout comme le passage de la vie à la mort (j’ai pas testé la mort donc je m’avance peut être un peu) !
Si ce n’est, un ou deux passages qui traînent en longueur, ce livre, lu sur une plage ensoleillée, est passé comme une citronnade tout juste sortie du frigo, rafraîchissant !
Kaalook
1. brize le 08-10-2009 à 19:54:05 (site)
On m'a donné ce livre et je suppose que je finirai donc par le lire un jour, d'autant plus que j'aime assez le thème. Mais, bon, pour le moment, je ne suis pas dans le contexte ad hoc : il me manque la plage ensoleillée !
Titre : Dämons
Auteur : Osamu Tezuka & HIdeyuki Yonehara
Chez : Doki Doki
Rapidavis
Public : Histoire : Graphisme : Intérêt :
Kezako ? Connaissez vous Dämons, le démon balafré, aux bras d’acier, qui sourit lorsqu’il ôte la vie ?
Heito avait tout, il vivait paisiblement avec sa femme et sa fille. Il avait monté une boîte avec des amis où ils menaient des recherches sur la nanotechnologie dans le but d’aider la médecine. Un jour, leur boîte se fi remarquer par l’armée qui leur proposa un contrat juteux mais Heito refusa catégoriquement de se détourner de leur projet initial. Son obstination fut perçue comme une trahison par ses « amis » attirés par l’appât du gain. Attaché, humilié, torturé, ils lui firent subir le pire des supplices, allant jusqu’à lui arracher les bras devant sa femme et sa fille, elles, inertes et immergées dans une solution liquide. Ses tortionnaires le laissèrent, baignant dans son sang, pour mort … Erreur.
Heito, secouru par un médecin peu conventionnel et, animé par une rage immense, réussit à survivre à ses blessures. Il n’eut dès lors plus qu’une seule motivation, se venger de ses bourreaux. Mais comment y parvenir lorsqu’on ne possède plus de bras ?
Aidé par le médecin et ses méthodes extrêmes, équipé par de fabuleuses prothèses métalliques, et armé d’une volonté à toute épreuve, Heito se lance alors à la poursuite de ceux qui ont anéanti son existence.
Sakéjenpense : La scène d’intro décoiffe, je vous plante le décor :
La violence règne dans les rues de la capitale française. Des malfrats s’amusent à tuer de pauvres citoyens effrayés et le bruit de leur jeu sanguinaire réveille Dämons, ex Heito, qui dort à l’étage d’un immeuble à proximité de la scène. Enervé par le chahut et la cruauté des crapules, celui-ci intervient et rien qu’avec ses poings (certes surpuissants) les fait taire à jamais sans la moindre pitié et s’en va, ses cheveux décolorés au vent, sur fond d’explosion extraordinaire, un avion s’écrasant magistralement sur la tour Eiffel.
On ne comprend pas tout, mais une chose est claire le personnage central n’est pas un plaisantin mais plutôt un psychopathe ! Autre info, le monde va mal ou à sombrer dans le chaos. Pourquoi ? On ne le sait pas encore, mais un flash-back intelligent invite le lecteur à découvrir les origines de ce bordel intriguant.
Et oui, vous vous en doutez, le héro a beaucoup souffert, il n’est pas content et ça va péter ! Rien de très neuf, du déjà vu et revu mais ça reste efficace. Non ce qui fait le charme de ce manga, ce n’est pas le scénario mais la façon géniale de retranscrire les émotions des protagonistes.
Le manga est tourné vers l’action et le dessin nous offre des scènes spectaculaires dignes des meilleures productions hollywoodiennes. Sans tomber dans l’excès et la répétition des combats, on en prend plein la vue !
Malgré le déjà vu du perso, ce Heito a quelque chose en plus ou devrais je dire en moins (deux bras, ce n’est pas rien !) ce qui le rend vraiment charismatique. Il n’est pas lisse, il a un passé très lourd et apprend de ses erreurs mais reste néanmoins obnubilé par son idée de vengeance.
Le premier tome permet d’en apprendre pas mal sur le passé du héro et notamment sur l’acquisition de ses prothèses métalliques. On en sera certainement d’avantage sur sa famille, ses pseudos amis et sur la dégénérescence dans laquelle est tombé notre monde dans le prochain tome.
Myavis : Un coup de cœur !
Je savais qu’en lisant un manga de Tezuka, j’avais peu de chance de m’ennuyer toutefois je ne pensais pas être autant captivé. Ce qui pourra en gêner certains, c’est la violence, l’hémoglobine omniprésente qui couvre les pages. Enfin, si vous réussissez à passer outre, c’est du tout bon.
Ames sensibles s’abstenir !
Kaalook
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