L'auteur l'a écrit, ça m'a plu, je vous le dis !
"Pas de chef d'oeuvres dans la paresse."
Qu'en pensez vous ? Réagissez.
Kaalook
Titre : L’Homme tordu
Auteur : Guillaume Hintzy
Chez : Arthaud
Rapidavis
Public : Histoire : Intérêt :
Kezako ? Voilà quatre siècles que les vikings ont fondé une colonie sur la côte ouest du Groenland. Les fiers guerriers ne sont plus que l’ombre de leur prestigieuse renommée, oubliés de tous, ils sont devenus fermiers et ont échangé leurs armes contre des fourches et des râteaux. La situation s’est dégradée au fil du temps, les relations avec le vieux continent se sont coupées et la colonie se retrouve isolée du reste du monde.
Einar Thorvaldsson est l’un de ces vikings qui bravent au quotidien la rudesse du climat avec son clan. Les temps sont difficiles, les hivers déciment chaque année un peu plus la colonie et ses moyens de subsistance. Qui plus est, leurs voisins, les étranges « hommes tordus » mènent des raides meurtriers de plus en plus régulièrement. Ironie de la situation, les jadis oppresseurs vikings sont donc devenus oppressés et défendent avec peine leurs terres.
Lorsque la famine frappe à la porte de sa communauté, Einar n’hésite pas et se rend chez les Inuits, les « hommes tordus » dans l’espoir de troquer des vivres contre le peu de biens précieux qu’il a réussi à rassembler. Einar est alors passé à tabac avant d’être recueilli par les « hommes tordus ».
Ces hommes sont ils véritablement des sauvages ? C’est ce que va découvrir Einar pendant une lune en expérimentant leur vie. Einar a beaucoup à apprendre de cet échange impromptu avec les Inuits, cependant arrivera t’il à en tirer les bonnes conclusions pour la survie de son peuple ?
Sakéjenpense : Au X° siècle, les vikings ont colonisé le Groenland, terre hostile où ils n’avaient pas grande richesse à gagner. Que sont ils allés chercher non loin du Pole Nord ?
Ce récit de vie est poignant et casse avec tous les clichés connus sur les vikings. On les connaissait marins, barbares et conquérants et là on les découvre fermiers et victimes. Le livre débute au moment où la décadence des colons est à son comble. Les loups sont devenus des agneaux en 400 ans, les guerriers des paysans. Mais ils n’ont pas su s’adapter efficacement à ces terres recouvertes de glace les trois quarts de l’année qu’ils ont finies par rendre stériles. De 6000 hommes que comportait la colonie à son apogée, ils n’en restent désormais que des centaines, la peste y étant pour beaucoup. Le bétail se fait dorénavant rare et la foi en dieu vacille quand le dernier prêtre et défenseur de la chrétienté se meurt.
Einar Thorvaldsson est un de ces vikings oubliés du Groenland. Il a sous sa responsabilité de nombreux hommes et femmes qu’il fait travailler et doit surtout nourrir. Le terrible, le rigoureux hiver se rapproche et le stock de provisions de son clan ne sera pas assez conséquent pour subvenir au besoin de tous. Einar se voit dans l’obligation de prendre une décision difficile, choisir entre passer l’hiver avec les moyens actuels en risquant la vie de ses hommes ou aller quémander de la nourriture auprès des impitoyables voisins, les dits « hommes tordus ». Laissant sa fierté de viking de coté, il optera pour le second choix.
La découverte des Inuits par le biais d’Einar est l’intérêt principal de ce livre. Lorsqu’une ethnie qui se croit supérieure en découvre une autre, elle tombe parfois de haut. Le viking se rend ici compte qu’il n’a rien compris à l’environnement qui l’entoure.
Guillaume Hintzy dépeint de manière très juste cette confrontation entre les vikings et les Inuits, s’en émettre d’avis, il laisse le lecteur devenir spectateur et se faire sa propre opinion. Le sujet est véritablement prenant et la qualité de l’écriture remarquable, notamment les descriptions des us et coutumes Inuits. En lisant cet ouvrage, on ressent les impitoyables exigences du climat polaire, les tempêtes de glace, les nuits interminables et on reste d’autant plus ébahi par les instants fugaces où l’homme fait face à la nature. On est aussi surpris qu’Einar par l’intrépidité des Inuits qui bravent vents et tempêtes sur de frêles et ingénieuses embarcations pour affronter de majestueux mastodontes comme les baleines.
On en vient à se demander qui sont au final les sauvages ? Les Inuits que les vikings surnomment « hommes tordus », qui malgré leurs accoutrements primitifs ont su s’adapter à l’environnement polaire ? Ou les vikings, aveuglés par leur isolement, qui ne tentent pas de changer leur façon de faire malgré l’urgence de la situation et qui craignent leurs voisins Inuits sans avoir chercher à les comprendre ?
Myavis : Terriblement captivant. Une superbe découverte.
L’homme tordu est à mi chemin entre le roman, le récit historique et le témoignage ethnologique. Guillaume Hintzy mélange avec brio ces genres en rendant la narration immersive et passionnante. Une fois sur la banquise avec les Inuits, il est difficile de quitter Einar le viking en refermant ce livre si prenant.
Le fait que je m’intéresse aux Vikings (et de plus loin aux ethnies du grand Nord) y est sans doute pour beaucoup dans mon appréciation du livre. Néanmoins, en rien cela n’enlève la qualité du récit qui, sans être élitiste (ni grand public), plaira à ceux qui rêvent de ces grands espaces glacés mais qui craignent trop le froid pour y mettre un jour les pieds !
Un grand coup de cœur !
Kaalook
NB : Un mot sur l’auteur qui livre là son premier roman. Ce Guillaume Hintzy n’est pas qu’un écrivain passionné par le Grand Nord, il s’y est rendu plusieurs fois lors d’expéditions polaires et a rencontré à maintes reprises les Inuits. La précision des descriptions de la nature et des Inuits dans son ouvrage prend alors tout son sens.
2. kaalook le 23-02-2010 à 17:47:53 (site)
Et moi donc ! J'en ai à lire ... un wagon livres et bien d'autres !
Merki de ton message et bonne lecture.
Titre : Pencher pour
Auteur : Cécile Reyboz
Chez : Actes Sud
Rapidavis
Public : Histoire : Intérêt :
Kezako ? Hilaire Lazor siège aux Prud’hommes, il est censé prendre des décisions mais cela ne l’intéresse plus. Rien ne l’intéresse plus dans son travail et ce n’est pas dans sa vie privée qu’il s’épanouit d’avantage.
Non ce qu’aime Lazor, c’est observer. Même lorsqu’il est acteur, il aime prendre du recul sur les événements, analyser les attitudes des gens qui l’entourent, surtout des femmes. Il les examine dans tous les sens, parfois on pourrait prendre cela pour de la perversité, en réalité, il aime apprécier les choses d’un angle différent.Le jour où il tombe sur A. au tribunal, une belle et mystérieuse avocate qui n’est pas indifférente à ses charmes, la situation évolue. A. aura bien du mal à cerner le lunaire Lazor aux us si particuliers.
Leur relation durera t’elle, aussi passionnée et étonnante soit elle, surtout dans une ville devenue folle où les ordures de manière inexpliquée inondent de plus en plus, jour après jour les rues ?
Sakéjenpense : Pencher pour est un livre surprenant et emprunt de magie.
Cécile Reyboz nous sème dans son étrange univers avec un guide des plus atypiques avant de nous conduire vers une issue lumineuse et poétique.
Difficile de comprendre Hilaire Lazor lorsqu’on débute le livre. Il a un boulot sympa qu’il n’aime pas et qu’il fuit le plus possible. De bons vieux parents qui l’aiment et qui viennent aux nouvelles à sa place mais qui l’insupportent pourtant. Une ex qui l’apprécie et le taquine et dont la fille le côtoie toujours, plus comme un ami que comme un ex beau père. Qui plus est, il plait aux femmes qui se jettent dans ses bras sans trop d’effort. Vraiment incompréhensible l’attitude de cet homme qui a tant de choses pour lui !
Toutefois, Lazor n’est pas blasé, il prend son plaisir dans l’observation et cela à tout moment de la journée, que ce soit au travail lorsqu’il décortique du regard la greffière, ou lors d’ébats amoureux où il prend du recul comme s’il filmait la scène dont il est le protagoniste principal, ou tout simplement encore lorsqu’il observe la ville se détériorait depuis les hauteurs de son appartement. Le moindre détail le passionne, la position du coude de l’intriguante A., le vol des sacs poubelles, rien ne lui échappe. Néanmoins il passe pour un fou ou un dérangé lorsqu’on découvre son petit jeu. Et son attitude intrigue autant qu’elle repousse, c’est le cas dans sa relation avec la belle A.
Plus on avance dans l’intrigue et plus on vient à se demander ce qu’il se passe dans la tête de Lazor. Même quand les événements ne se déroulent pas comme il le souhaiterait, il arrive à prendre toujours ce recul qui lui évite de paniquer et de rester zen. La ville devient folle avec une pollution exponentielle, cela l’interpelle, le fascine mais ne l’inquiète pas outre mesure. Lazor semble vraiment venir d’ailleurs !
Ce qui fait la force de ce livre étonnant, c’est la qualité de narration de Cécile Reyboz, sans qu’on s’en aperçoive, elle nous emmène dans un voyage où peu à peu l’improbable prend le pas sur la réalité. On ne demande qu’à toujours aller plus loin sans forcément vouloir comprendre le pourquoi du comment, le décryptage des attitudes humaines et les descriptions délicieuses des lieux, que l’auteur nous donne par les yeux de son héro, suffisent à donner tout son sens et sa valeur au récit.
Myavis : Un livre Ovni comme Actes Sud seul c’est nous en donner.
Cécile Reyboz invite brillamment le lecteur à découvrir l’incroyable histoire d’amour d’un homme perdu dans ses perceptions, au sein d’une ville qui sombre petit à petit dans l’improbable et le merveilleux.
J’ai été sceptique puis intrigué et enfin séduit par ce petit livre magique que j’ai finalement dévoré en deux soirées !
Même si la couverture n’est pas très vendeuse, n’hésitez pas à aller plus loin !
Kaalook
L'auteur l'a écrit, ça m'a plu, je vous le dis !
"Si la vie réelle est un chaos,
en revanche une terrible logique gouverne l'imagination."
Qu'en pensez vous ? Réagissez.
Titre : Le club des Incorrigibles Optimistes
Auteur : Jean Michel Guenassia
Chez : Albin Michel
Kezako ? Le petit Michel Marini né en 1948, entre en sixième au fameux lycée Henry IV. Le couple formé par ses parents n’est guère harmonieux, Paul et Hélène ne sont pas du même milieu ni de la même origine. Par ailleurs, le frère aîné de Michel va bientôt vivre la guerre d’Algérie.
Un jour que le gamin joue au baby foot dans un café de Denfert-Rochereau, il tombe sur une sacré compagnie : une brochette d’émigrés qui jouent aux échecs en « remâchant » avec véhémence leur passé, leurs lâchetés.
Il y a Igor qui fut médecin en URSS, Léonid ancien pilote d’Aeroflot, Imré agent d’un lecteur hongrois dont il fut l’amant et enfin, Sacha, le bouleversant et sensible Sacha, photographe.
Protégés par Sartre, Kessel et bien d’autres, ces incorrigibles optimistes vont adopter Michel, le petit esseulé, et lui apprendre plus que les échecs et la photo …
Sakéjenpense : Ce livre est à la fois une chronique de générations, une chronique familiale tendre et douloureuse, une fresque magistrale de la France d’après guerre.
Myavis : Un grand roman qui n’abandonne pas son ambition littéraire et artistique !
NB : ce livre a obtenu le prix Goncourt des lycéens.
Cloclo
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