Sacados le maudit
Cette histoire est un défi ! Des amis m'ont chacun imposé un mot (zooplancton, mélinite, enguirlander, lutin, godzilla, haut de forme) et avec ces mots, j'ai du composer une histoire. Voici le résultat ! Vous me direz si j'ai relevé le défi avec brio ! Bonne lecture.
Dans une clairière, au milieu d'une grande forêt, elle même au milieu d'un monde de dragons, vivait une communauté de lutins.
Trois d'entre eux, parmi les plus jeunes, s'amusaient à faire léviter de la mélinite que l'un d'eux avait invoqué. Le but était simple, envoyer l'explosif à la figure de l'autre. Pour cela, en utilisant sa volonté, on faisait avancer la mélinite dans la direction souhaitée, la tête de l'un des lutins d'en face.
- Nom d'un berlingot ! Cria une voix. L'effet de surprise arrêta net la volonté de chacun et ainsi la mélinite tomba au sol avec un grand « boum », créant un gros trou et envoyant des pierres dans les frimousses des galopins.
- Sombres crétins, reprit la voix, vous n'avez pas honte. Vous êtes plus idiots que vous n'êtes lutins, avez vous déjà oublié les valeurs que vous ont apprises vos aînés ?
Les trois paires d'yeux cherchaient à travers la poussière en suspension à qui appartenaient ces paroles.
Un "toc, toc" se rapprochait d'eux et bientôt ils virent un chapeau, non plus précisément un haut-de-forme. A n'en pas douter, il devait s'agir d'un vénérable, d'un lutin plusieurs fois millénaire, d'un aîné.
Du haut de leur 80 cm, les jeunes virent un lutin culminant de peu au dessus d'une canne en os, une barbe blanche tombant sur les deux mains appuyées sur celle ci. L'aîné était vêtu en habit traditionnel, des bottes noires mais qui avec le temps semblaient être marrons, un pantalon bouffant vert surmonté d'une veste en velours vert, elle aussi, ornée de dorures aux manches et au col. Le haut-de-forme, lui même noir et tordu.
- Vous feriez mieux avec vos pouvoirs, d'enguirlander les sapins en prévision du Noël prochain, petits bêtas !
Les lutins n'eurent rien à répondre et baissèrent les yeux en signe de respect.
Un toutefois finit par prendre la parole :
- on voulait juste s'amuser, vénérable.
- vous amusez à détruire, la vie apporte tellement et vous voulez l'anéantir par vos sottises. Vous êtes à l'école de magie non ? Le plus petit des trois acquiesça de la tête. Dans ce cas, vous devez avoir des exercices à faire ?
- Oui, vénérable. C'est trop facile, on doit savoir créer l'illusion du zooplancton en mouvement sous la mer pour demain.
- Arrêtez avec vos « vénérable », appelez moi par mon nom, Papiri.
Tous pensèrent, à un papy rigolant, ça ne lui allait pas du tout vu les grimaces et l'oeil accusateur du vieux lutin. Aucun ne se prit de fou rire, trop peur des conséquences. Vexer un aîné, c'était prendre le risque de finir transformé en banane et d'atterrir dans la main d'un singe de la forêt !
- De mon temps, reprit Papiri, pour calmer les ardeurs des garnements, on leur racontait l'histoire du mangeur de lutins.
- Le mangeur de lutins !!!???
- Oui, de Sacados, le dragon d'or.
- Oh venera... oh Papiri, vous pouvez nous la raconter ? Ça existe vraiment les dragons alors ?
- Je veux que ça existe ! Vous voyez ce bout d'oreille qui me manque là, leur montra t'il, ben c'est Sacados le maudit qui me la volait, en chair et en os. Enfin plutôt en os.
- Oh oui racontez nous, on promet d'être sages.
- Si ça peut vous calmer, j'y vais.
Il toussa une ou deux fois, toisa de ses yeux gris les petits, s'assit sur une des pierres sorties de terre après l’explosion quelques minutes plutôt et entama son histoire :
- Il y a quelques temps de cela, un ou deux millénaires environ, vivait non loin de notre belle foret un dragon. A l'époque, il n'y avait ni soleil, ni ciel bleu, juste un ciel de cendres et une terre de cendres. On peut dire que c'était l'apocalypse, le feu brûlait tout sur son passage et des corps calcinés jonchaient partout notre belle contrée. Tout cela était du à Sacados. Sacados était un immense dragon, avide d'or. Hors tout le monde sait que nous autre lutins, nous avons le pouvoir de détecter l'or. Sachant cela, Sacados vint voir ses voisins lutins. Il nous dit "soit vous me servez soit vous mourrez." En gros, soit on lui servait de boussoles à or soit on finissait dans son estomac. Que pouvions nous faire face à une si monstrueuse créature ? Avec nos maigres pouvoirs d'illusionnistes.
- Il était si fort que ça ? interrompit l'un
- Plus fort que Godzilla ? reprit un autre.
- Bien plus que vous ne pouvez l'imaginer, votre Godzilla si il existait aurait fait pipi sur lui en le voyant arriver.
Les lutins avaient les yeux écarquillés, de peur ou d'émerveillement ? Les deux certainement.
- Ainsi, nous le menions où l'or se trouvait, il en profitait à chaque fois pour tout détruire une fois l'or récoltée.
Un jour, un intrépide lutin vint lui parler et lui tint ces propos :
"Puissant Sacados, un jour, vous aurez tout l'or du monde, alors on ne vous servira plus à rien, que ferez vous de nous ?"
En guise de réponse, le dragon le mangea.
Le jour où tout l'or fut dans les griffes de Sacados arriva bel et bien.
Certains espéraient être libérés du joug du dragon, d'autres craignaient d'être grillés sur place.
Sacados demanda à ce que tous les lutins se rassemblent autour de lui dans une clairière pour fêter son triomphe.
De sa voix rauque et fétide, il dit :
- Merci lutins. Tous les lutins furent soulager d'entendre ces mots mais certains restèrent sur leurs gardes. En guise de vos bons services, je ne vous mangerai pas, les dernières résistances des lutins tombèrent à ces paroles. Par contre reprit il, je vous brûlerai tous avant de le faire !
Et il se mit à lancer son feu, sur nous tous car j'en faisais parti. Les deux tiers périrent lors du premier jet de flammes. Le dernier tiers se mit à courir vers le refuge de la forêt. Mais le dragon déplia son gigantesque cou et se mit à happer les lutins un après l’autre.
Pour ma part, j'eus la chance de trébucher au moment où il allait me croquer et ce n'est qu'un bout de mon oreille qui me quitta.
L'un des aînés, un puissant lutin avait réussi à s'enfuir et il psalmodia un sort en regardant le trésor du dragon. Une fois fait, il cria à l'intention du dragon : "Soyez maudits, vous et votre or ! Votre or vous donnera la mort et par delà la mort vous ne pourrez vous reposer !"
Le dragon, de son ouie fine repéra le courageux lutin et le grilla sur place, avant de l'attraper avec une de ses pattes griffues, de l'envoyer en l'air d'une pichenette et de le gober sans même le mâcher. Il n'eut pas l'envi de poursuivre les fuyards, il prit son immense trésor et gagna son repère pour y dormir.
Il était fier de son forfait. Toutefois il ne trouva pas le sommeil, les mots du sorcier lui raisonnaient dans le crâne et il craignait qu'on lui vole son or pendant son sommeil. Il savait bien que sa crainte n'était pas fondée car il n'existait pas d'être plus fort que lui. Mais il n'arrivait pas à s'endormir pour autant, rien ne le rassurait.
Alors il eut l'idée de mettre son or en sécurité.
Et quel endroit, non loin de lui car bien sur il ne pouvait quitter son bien le plus précieux, pouvait lui assurer un repos bien mérité si ce n'est l’intérieur de son estomac ? Ainsi il avala son trésor.
Il eut bien du mal surtout pour les dernières pièces du trésor mais il réussit à le faire. Alors il dormit longtemps, longtemps, si longtemps que la forêt qui était quasiment morte repoussa et que la communauté lutine quasi éteinte se remit à croître et à vivre. Ce fut à ce moment là qu'il voulut ressortir de son antre pour à nouveau récolter de l'or, toujours plus et se goinfrer d'amuse gueules lutins. Mais le problème fut qu'il ne pouvait plus bouger.
Comme tout dragon pendant son sommeil, il avait perdu de la vigueur et de ce fait il ne pouvait plus soulever son trésor et son estomac du pareil au même ! Il était cloué au sol et il se rappela la malédiction du lutin. Celle ci était entrain de devenir réalité.
Ainsi de siècle en siècle, il mourut lentement. Il avait la rage contre les lutins, une énorme rancoeur qui dépassa la mort.
Car voyez vous petits lutins, si vous faites vos idiots à faire du bruit avec de la mélinite, vous risquez de faire apparaître Sacados le maudit car désormais il quitte son repère au moindre indice de notre existence.
Certains prétendent avoir vu un immense squelette de dragon planer dans le ciel dont les entrailles sont recouvertes d'or. Parait il que c'est magnifique car à la suite de son vol majestueux, des paillettes d'or tombent. Mais ceux qui voient ces paillettes savent aussi que c'est la dernière chose qu'ils verront.
Voilà pourquoi nous autre lutins, vivons dans la forêt le plus discrètement possible. Réfléchissez à deux fois désormais avant de vous faire remarquer.
- Mais... mais ce n'est qu'une légende hein ? S’inquiéta le premier lutin.
- Il existe pas, Sacados le maudit n'est ce pas ? Tenta de se rassurer le second.
- C'était juste pour nous faire peur ? Proposa le troisième.
Comme réponse, Papiri leur montra encore une fois le haut de son oreille droite, il manquait toujours un morceau.
- Je vous laisse méditer là dessus, dit Papiri. Moi je retourne me faire oublier dans la forêt loin de cette clairière. Ce qu'il fit.
Les trois lutins se regardèrent un moment dans les yeux, et en moins de temps qu'il n'en fallut, ils se retrouvèrent à courir vers la forêt, bienfaitrice.
Papiri quant à lui, un peu plus loin émit un sourire. Un peu plus et l'illusion se terminait devant les gamins, un peu plus et ils auraient découvert la supercherie.
Son bout d'oreille réapparut doucement.
Fin
Kaalook